6

 

Le bon droit se justifie tout seul. Il n’a pas besoin d’apologie, mais de bonne foi.

Ward Keel,

Juge Suprême.

 

Béatriz Tatoosh fut tirée d’un cauchemar où elle se noyait au milieu du varech par les trois coups de sirène qui annonçaient l’arrivée de son transbordeur sur la plate-forme submersible. Son sac de voyage et sa trousse faisaient un oreiller plein de bosses sur la banquette dure de la salle d’attente. Elle secoua la torpeur de son rêve et se racla la gorge. Elle faisait toujours des rêves de noyée quand elle se trouvait à la base de lancement sirénienne, mais celui-ci avait commencé tôt.

C’est cette fichue sensation d’être entourée d’eau de partout…

Elle frissonna, bien que la température de la plate-forme sous-marine fût maintenue à un niveau confortable. Mais c’étaient surtout les relents de son cauchemar qui la faisaient frissonner, et la perspective d’escorter les trois Noyaux psycho-organiques sur leur orbite. La seule pensée de ces cerveaux sans corps qui allaient être chargés de naviguer dans le vide spatial, au-delà des étoiles visibles, lui faisait courir un frisson glacé le long de la colonne vertébrale. La température était également confortable à bord de l’Orbiteur, où une navette allait la déposer d’ici quelques heures. Et ce ne serait pas trop tôt. La vie côté sol n’avait plus tellement d’attraits pour elle.

Inexplicablement, le vide aseptisé de l’espace qui entourait l’Orbiteur ne l’incommodait pas du tout. Elle était issue d’une famille d’Iliens, ceux que l’on appelait les « dingues du jusant ». Elle appartenait à la première génération venue vivre sur la terre ferme depuis quatre cents ans. Les Iliens s’étaient adaptés aux grands espaces continentaux plus facilement que les Siréniens, qui préféraient les quelques colonies sous-marines qui leur restaient encore. La logique ne pouvait rien contre le fait que Béatriz était malade à l’idée des milliers et des milliers de tonnes d’océan en suspens au-dessus de sa tête.

L’humidité à l’intérieur des sas du transbordeur la forçait à presser sa main moite contre son nez et sa bouche. Ce serait encore pis à la station de lancement. La plupart des ouvriers attachés à la base étaient des Siréniens, habitués à mettre des taux élevés d’humidité dans l’air qu’ils respiraient. Elle soufflait tout le temps quand elle travaillait en bas. Et elle soupira encore en entendant la sirène qui lui annonçait qu’elle prendrait le chemin de la station de lancement dans quelques minutes.

La foule des travailleurs en partance fit résonner le pont au niveau supérieur. Les centaines de passagers faisaient vibrer la plate-forme tandis que Béatriz serrait les paupières pour s’empêcher d’imaginer leurs visages. Ils étaient à peine moins amorphes et moins décharnés que les réfugiés qui grouillaient dans les tristes camps de Kalaloch. Leurs yeux, la dernière fois qu’elle les avait vus, reflétaient toutefois un soupçon d’espoir alors que ceux des réfugiés étaient trop éteints pour avoir même cela.

Imagine quelque chose de beau, se disait-elle. Une gyflotte traversant l’horizon à l’heure du coucher de soleil.

Cela déprimait Béatriz, de prendre le transbordeur. D’après ses calculs, elle avait dû dormir près de cinq heures dans la salle d’attente pendant qu’un lieutenant hypervigilant de la sécurité soumettait à une fouille en gants blancs le transbordeur, ses passagers et leurs possessions. Elle s’était souvenue de vérifier tout l’équipement après le passage des gardes, précaution qu’elle avait apprise au contact de Ben. Le matériel de l’holovision ne valait pas un clou ; Ben et elle étaient obligés, avec leurs équipes, de fabriquer leurs propres appareils. C’était tentant, pour un garde de la sécurité qui avait un cousin en cheville avec le marché noir. Elle soupira de nouveau. Elle se faisait du souci pour Ben et pour les machinations insidieuses de la sécurité.

Je sais très bien que Rico et lui sont derrière cette Voix de l’Ombre. Ils ont un style qui n’est pas difficile à reconnaître, même s’ils brouillent les cartes en échangeant leurs rôles.

Environ un an auparavant, quand la Voix de l’Ombre avait fait sa deuxième apparition sur les ondes en substituant son programme à un bulletin d’informations, elle avait failli aller trouver Rico pour demander à les rejoindre. Mais elle s’était dit qu’ils avaient sans doute une raison pour l’avoir laissée sur la touche et elle avait noyé son amour-propre dans un surcroît de travail. Aujourd’hui, elle pensait connaître la raison.

Ils ont besoin de quelqu’un à l’extérieur. Je suis leur atout en réserve.

On lui avait demandé de remplacer Ben, absent, pour le bulletin d’hier soir, où elle avait lu un papier qui parlait de « Ben Ozette… actuellement en reportage à Sapho…», alors qu’elle savait très bien qu’il avait été envoyé ce stardi, comme tous les stardis depuis maintenant six semaines, auprès de Crista Galli en personne, à l’intérieur de la résidence du Directeur, sous la supervision directe de celui-ci.

Il était avec elle quand on l’a portée disparue et sa présence n’est mentionnée nulle part. Il a disparu en même temps qu’elle et les gros bonnets de l’holovision ne veulent pas ébruiter l’affaire.

Elle était terrifiée. L’ordre de passer sous silence tout ce qui pouvait arriver à Ben éclairait l’affaire sous un jour sinistrement réel.

Elle avait cru, d’une manière ou d’une autre, que Rico, Ben et elle étaient immunisés contre les récents ravages qui affectaient le monde.

— Des observateurs rémunérés, disait Ben en parlant d’eux trois. Nous sommes les oreilles et les yeux du peuple.

— Leurs lampes, avait rectifié Rico, un peu imbibé de gnou, en riant. Nous sommes les lampes du peuple, nous ne sommes pas ses observateurs…

Béatriz avait lu à l’antenne les mots exacts du bulletin préparé par le producteur parce qu’elle n’avait pas eu le temps de poser de questions. Elle comprenait maintenant qu’on avait cherché délibérément à la piéger. L’holovision disposait de ressources considérables en personnes et en matériel et elle avait bien l’intention de s’en servir pour que Ben ne disparaisse pas comme ça.

Ben n’est plus un simple observateur, cette fois-ci, se dit-elle en guise d’avertissement. Il est capable de tout faire s’écrouler.

Elle l’avait aimé, naguère, pendant longtemps. Ou peut-être avait-elle simplement partagé son intimité pendant longtemps, pour ne l’aimer que maintenant. Sans parler de l’autre manière d’aimer, des moments exaltants. Il était trop tard pour cela. Ils avaient simplement vécu ensemble trop d’horreurs que personne d’autre ne pouvait comprendre. Récemment, elle avait partagé avec le docteur Nano Macintosh des moments pareillement exaltants, après avoir cru pendant longtemps que de tels sentiments ne pourraient jamais plus surgir en elle.

Béatriz cligna à plusieurs reprises de ses paupières rougies. Elle détourna son visage de la lumière et se redressa sur la banquette de métal. Non loin d’elle, un garde toussa discrètement. Elle aurait voulu retrouver le fouillis de son bureau du Projet Spationef à bord de l’Orbiteur. Il se trouvait seulement à quelques dizaines de mètres de la porte ovale du Contrôle des Courants et du docteur Macintosh. Ses pensées ne cessaient de se tourner vers Mack et vers la navette qui les réunirait dans quelques heures.

Elle était lasse. Elle se sentait épuisée depuis des semaines et toutes ces attentes ne faisaient que l’exténuer encore plus. Elle n’avait pas eu un seul instant à elle pour penser, et encore moins pour se reposer, depuis que le Directeur lui faisait faire ainsi la navette entre son émission sur le Projet Spationef et les informations. Et aujourd’hui, elle avait trois émissions en cours. En trois endroits différents.

Elle gagnait l’Orbiteur sur les ailes des plus puissantes machines que l’humanité eût jamais construites. Quand elle quittait Pandore dans le vacarme des réacteurs, son bureau encombré à bord de l’Orbiteur devenait l’œil de l’ouragan qu’était sa vie. Personne, pas même Flatterie, ne pouvait l’y atteindre.

La sirène se fit de nouveau entendre, plus insistante et plus lugubre. Dernier appel avant l’embarquement. Elle pensa une fois de plus à Ben, qui demeurait introuvable et qui était peut-être mort. Il n’y avait plus rien entre eux, mais c’était quelqu’un de bien. Elle se frotta les paupières.

Un jeune capitaine de la sécurité, aux oreilles démesurées, pénétra dans la salle d’attente. Il inclina courtoisement la tête, mais sa bouche demeura immobile.

— La fouille est terminée, lui dit-il. Toutes nos excuses. Il vaudrait mieux que vous montiez immédiatement à bord.

Elle se leva pour lui faire face et ses vêtements demeurèrent collés à elle en plis ensommeillés.

— Mon matériel et mes notes ne m’ont pas encore été rendus, dit-elle. Je ne vois pas à quoi cela me servirait de…

Il l’arrêta en portant un doigt à ses lèvres et elle vit qu’il n’avait qu’un pouce et deux doigts à chaque main. Elle essaya de se rappeler laquelle des anciennes îles abritait cette particularité.

Orques ? Camano ?

Il avait souri pour la première fois en faisant ce geste et ses dents étaient apparues, effilées en horribles pointes que l’on disait être le signe distinctif de l’un des escadrons de la mort, celui qui se faisait appeler « la mort sûre ».

— Vos affaires sont déjà à bord du transbordeur, dit-il. Vous êtes célèbre, nous veillons à votre confort. Vous aurez une cabine privée pour ce voyage, et un garde pour vous escorter.

— Mais je…

Il lui avait pris le coude pour la guider vers la porte ovale.

— Le transbordeur n’attend plus que vous pour partir, dit-il. Dans l’intérêt du Projet, veuillez embarquer sans tarder.

Elle était déjà dans la coursive et il la poussait vers la passerelle d’embarquement inférieure.

— Attendez, murmura-t-elle. Je ne crois pas que…

— Un travail vous attend déjà à la base de lancement, lui dit le jeune capitaine. On m’a chargé de vous informer que vous diffuserez un communiqué spécial dès votre arrivée, avant le lancement.

Il lui tendit le messager qu’elle gardait généralement sur sa hanche.

— Tout est là-dedans, fit-il avec un large sourire.

Elle avait l’impression qu’il s’occupait un peu trop de son confort. En tout cas, le spectacle de ses dents aiguisées n’était pas du tout fait pour la réconforter. Elle aurait été curieuse de connaître, en bonne journaliste, les tenants et les aboutissants de ces escadrons de la mort. Mais son instinct de survie l’emporta sur sa curiosité. Le garde chargé de l’escorter la rejoignit sur la passerelle. Il était jeune, de petite taille et chargé d’une partie de ses bagages.

— J’ai eu grand plaisir à faire votre connaissance, lui dit le capitaine.

Il s’inclina de nouveau et lui tendit un stylo et une enveloppe.

— S’il vous plaît, c’est pour ma femme, dit-il. Elle vous admire beaucoup, ainsi que votre émission.

— Comment s’appelle-t-elle ?

— Anna.

Béatriz écrivit d’une main rapide : « Pour Anna, pour l’avenir. »

Elle signa, avec le parafe adéquat. Le capitaine hocha la tête avec gratitude et Béatriz grimpa à bord du transbordeur. Elle venait à peine de franchir la deuxième porte du sas quand elle sentit le navire s’immerger.

Le Facteur ascension
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